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Cyclône Jeanne, un matin  pas comme les autres

Dans la vie, toute personne qui vit a connu un jour ou autre un événement malheureux soudain qui surgit. Mais très souvent, le plus difficile c’est de trouver un moyen par lequel on doit s’efforcer à exprimer toutes les douleurs qu’on a endurées à partir de ce moment-là. Ce fut ce matin-là! Le seul de tous les autres qui soit ainsi différent. Odieux, nostalgique, paniquant sont les justes mots pouvant donc traduire ce jour renfrogné. Le désespoir a envahi le cœur de tous ceux et celles qui habitent cette cité assombrie. Comment oublier ce sort immérité que la nature nous a offert. Un jour nouveau qui a enlevé tout sourire angélique et ramené tout un chacun dans une sorte de torpeur marginalisée. La nature a tout dévasté et a profité pour frapper d’un coup lugubre. C’en est fait et c’est enfin ce jour que personne n’ose oublier. Ce fut un matin et non pas comme tous les autres. Un dimanche 19 septembre 2004 qui fait suite au terrible ouragan impitoyable appelé « Jeanne » qui a désemparé quasiment toutes les familles de loin ou de près de la ville des Gonaïves en Haïti.

Il n’est toujours pas facile d’exprimer en des mots impassibles cette aventure malheureuse qui surgit à longueur de journée et qui reste cicatrisée dans une mémoire qui n’était pas prête à supporter la charge de cet événement majeur. Un 18 septembre. Lorsqu’on sait l’habitude dès son plus jeune âge, quand il pleut, il est normal de se tenir sous la pluie pendant des heures à jouer avec ses camarades, etc. Mais pendant ce jour-là, la remarque qui a été faite par plus d’un c’est qu’il s’agissait des pluies torrentielles inhabituelles. A partir de là, des yeux commençaient à s’arrondir, des cœurs palpitaient et subitement des cris commençaient à se faire entendre. C’était tellement dur que l’on n’imaginait pas. Voisins et voisines s’entendaient. Il pleuvait encore et les esprits se chauffaient. Qu’est-ce qu’on peut faire parce que la vie considérée comme richesse se trouvait en danger imminent dans la nuit du 18 septembre ? Personne n’était exempt même les gens qui pris naissance ce même jour. Mais pour une première fois la ville en entier allait se trouver embourber dans une pareille catastrophe inédite qui faisait des hécatombes le lendemain.

En fait, je n’avais qu’une dizaine d’années à l’époque, lorsque plusieurs centaines de familles se trouvaient dans cette situation extraordinairement douloureuse. Je m’en souviens encore. Je ne peux l’oublier. Personne n’a été sommé de vivre dans des circonstances aussi lancinantes, et le pire, nous ne pouvons que laisser se faire les situations pour lesquelles nous avons payé les yeux de nos têtes. Quelle misère! Ce serait mieux d’imaginer ce que serait que d’être dans la ville au cours de ces péripéties parce que vivre ce matin-là suffisait à se faire comprendre que l’homme n’est que poussière comme les chrétiens le répètent à longueur de journée. Qui voudrait revivre de pareils moments? Le nom de Dieu a fait recette puisque tout croyant, et même ceux qui avaient toujours tendance à l’ironiser comme bon leur semble l’interpellaient. Le seul recours était le bon Dieu. C’était du jamais-vu. Ce qu’on sait, c’est que beaucoup ont usé de leur croyance pour survivre durant ce moment inattendu.

Justement, il fallait affronter ce drame de haut niveau comme il se présentait à l’ensemble de la population, les plus petits l’ont inconsciemment vécu. A preuve, la faune et la flore n’étaient pas épargnées. Après plusieurs heures de pluies, on avait une ville inondée à tribord et à bâbord. C’était ce matin que la nature nous a donné comme cadeau. Un matin où les dégâts étaient constatés, ce matin d’horreur, d’amertumes, de déshonneur et j’en passe. C’était donc un matin terrible puisqu’il était question de regarder des gens considérés comme des rescapés avec des témoignages épineux, de constater de milliers de semblables qui jonchent le sol, regarder des gens qui n’ont rien à manger après avoir subi de telles exactions naturelles. Des nez immunisés par l’odeur pestilentielle de toute sorte de déchets. Ce qu’il faut relater enfin c’est que l’histoire de notre vie fait de ce matin un matin mémorable et pas comme les autres.

Tag(s) : #Sociale
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