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Mario, un défunt qui vit encore dans les mémoires !

La mort est le point focal de toute société, elle s’inscrit évidemment dans le contexte de la parenté et de la communauté bien que parfois handicape la dynamique sociale à quelques niveaux. Dans le cas de cet événement qui met la famille, les proches, les amis dans une situation d’abattement due à l’annonce d’un accident malheureux soudain, de stupéfaction, mais c’est donc celui de notre ami Mario Géthro Céréné, 24 ans deja! C’est triste mais bien vrai!

Avec les nouvelles d’accidents récurrents qui dérangent et font la une dans les médias, tout le monde en parle depuis plus de trois semaines environ et c’est définitivement dans les murs de l’Université d’Etat d’Haïti que le phénomène bat son plein. Pour une nouvelle fois, l’Université a sombré, les étudiants dans une sorte d’excitation de la sensibilité, plongés dans la torpeur à cause de la grande nouvelle qui attriste et fait réfléchir. Au début de la journée du vendredi 11 septembre 2015, tout le monde de la Faculté pouvait s’attendre à toute autre nouvelle mais jamais à celle annonçant la mort d’un grand Mario qui se passait de présentation tant à la Faculté des Sciences Humaines qu’à la Faculté d’ethnologie.

Apres avoir été informé par mon camarade Dorzin Ondira, la consternation totale m’envahissait, larmes aux yeux, les souvenirs de nous deux s’estompent mais qu’est-ce que c’est ça! Quelle est cette nouvelle odieuse! Je me disais. De toute façon, j’étais à crins. Finalement, je me suis rendu sur le lieu de l’accident afin d’apporter les informations adéquates pour replâtrer un peu les cœurs endeuillés en adressant la parole à un témoin oculaire. J’ai jeté le dévolu sur un motard qui, j’estimais, pouvait me donner tous les renseignements essentiels concernant. Volontiers, il commençait à parler en ces mots si tristes pour me dire qu’en moins de deux mois d’inauguration de cette route qu’on prétend appeler « Viaduc » se trouvant au carrefour de la Renaissance a déjà fait minimum quatre accidents. Il s’ensuit pour dire qu’il était environ 7h à 8h le jeudi 10 septembre qu’ils étaient sur une motocyclette à deux(le chauffeur et Mario) qui montaient à Delmas en faisant usage de la nouvelle voix que le commun des mortels appelle wout anlè. Pour gravir la pente qui s’y trouve il faut justement le faire avec certaine vitesse, arrivé à un certain niveau (presqu’au bon milieu de la traversée) il fallait retirer le moteur en 3e pour le mettre en vitesse inférieure afin de donner plus de force à ce dernier. Et c’est ainsi que le conducteur a raté le coup qui fait suite à un déséquilibre de la moto puis le véhicule qui roulait derrière a légèrement frappé le leur. Malheureusement, dans un souci de faire un auto-sauvetage il a traversé le barrage lui-seul et fait la chute sur le cou à même le sol. Emmené à l’hôpital, notre ami a passé de la vie au trépas vers 23h. Le chauffeur, considéré comme principal survivant du drame a été intercepté et malmené par des policiers puis conduit dans un commissariat à Delmas 33.

Jusqu’à la fin de la journée du vendredi de fervents amis de la victime refusaient de croire à la nouvelle mais c’était la réalité du jour il fallait l’accepter telle qu’elle nous surgit. Mario n’a pas su terminer le cours de Statistiques I, brillant dans ce cours, j’en profitais parfois pour discuter avec lui sur quelques rares notions de Statistiques. Désormais, c’est fini!

Qui était Mario alors? L’ami de tous, sans le snober. Je côtoyais ce jeune garçon exclusivement à la Faculté d’ethnologie depuis 2013 où l’on partageait une même salle de cours, c’était un type pour qui j’ai eu pas mal d’admirations. Maintenant, c’est réellement au passé que la vie de notre Mario doit être conjuguée. Etudiant en communication et en psychologie respectivement à la FASCH et à la FE. Il était l’homme « «skinny » et apprécié de plus d’un à la FE. C’était un top modèle, un gentleman. Il s’est vendu comme tel bien entendu. Par son style et son charisme, il s’est fait appeler « «tifrechè» parfois quand on le regarde dans sa singularité on peut même se dire que Mario était un potentiel mannequin. Toujours tiré à quatre épingles, son portable attaché à la limite de sa ceinture faisait de lui un type unique, le seul de toute la FE. Gentil, charmant, affable sont les moindres adjectifs incontournables si on veut camper Mario. Je m’en souviens au début de la troisième session, il s’est approché de moi pour me dire en souriant « Jeff, ah jan w’ fre a la papa se medam yo ou vin bay pwoblèm! » Assurez-vous que ma réponse a été négative. L’observation que tout le monde a faite de Mario me donne la garantie d’ébruiter qu’il était courtois et attentionné au niveau des deux Facultés, naturellement, à la FE, il l’était au centuple à bien regarder les différents discours qui circulent sur les réseaux sociaux à travers les groupes d’amis et même de Promotion. A la FASCH, il est un accro du journaliste de la Radio Télé Caraïbes connu sous le nom de Brégard, cependant, il voulait toujours attirer l’attention de ses amis/amies sur le fait qu’il est le plus fort avec un ton rigolo certainement, m’a confié Rose Adelie Céliny. Mario était trop prometteur pour qu’il connaisse la mort aussi jeune. La lampe est éteinte certes, mais on peut voir visiblement qu’elle est remplie de carburant. La nature, a-t-elle bien ou mal joué? Qui ose répondre!

Enfin de compte, on peut en conclure que ce drame représente un des temps forts du déroulement de la vie sociale et elle nous éclaire sur la société des vivants. Ainsi, chacun d’entre nous est un processus dynamique d’une conscience immortelle se révélant dans un être de chair. Mario est parti mais il reste dans l’esprit de chaque étudiant qui a un jour connu ce type bien et développé un certain rapport avec lui, qui à présent vit dans l’au-delà. Pour nous, c’est le paradoxe des conséquences qui prévaut parce que personne ne s’attendait à ce sort morbide.

Que l'âme de l'immortel Mario repose en paix…

Remerciements spéciaux à tous ceux qui d’une façon ou d’une autre m’ont aidé à la réalisation de ce texte offert à mon ami défunt.

Jeff Prophil

Etudiant en sociologie

Niveau III

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