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Haïti et l’Occupation américaine (1915-1934)

Pour comprendre les grands défis auxquels fait face notre Haïti par rapport aux autres puissances économiques et politiques du monde, il faut évidemment comprendre leur histoire à l’ébauche. Dans ce texte, l’auteur s’est fait le devoir de bien apporter certains éléments clés pouvant vous faciliter la compréhension. Un travail de remue-méninge est fait ici pour vous qui êtes mordus ou non de l’histoire d’une Haïti qui s’est libérée depuis des lustres et jusqu’à présent sous une forme apparente pour certains est restée sous le joug d’une nouvelle forme de colonisation.

Un siècle après notre fameuse victoire sur l’armée Napoléonienne, la première république noire du monde reste et demeure un pays sous-développé. Le chômage, l’inflation, la faim, l’analphabétisme, sont des problèmes que la société confronte. Il est unanimement vrai à ce qu’Haïti a eu un certain avantage comparatif dans la production du café. Si nous nous référons au tableau statistique de Pierre Benoit, on constatera une sorte de réduction au niveau des produits comme : le café, le coton, le sucre et des bois de campêche. A titre d’exemple, en 1890-1895 le pays exportait 32.1 milliers de tonnes de café et en 1910-1915, le chiffre a passé à 30.4 milliers de tonnes. C’est une période très rude sur le plan économique, politique et social pour le pays car on assiste à une baisse considérable du niveau de vie de l’haïtien.

De 1900 à 1914, Haïti connait une instabilité politico-administrative chronique. En 1902, le président Nord Alexis militaire et militant politique utilise les armes pour la prise du pouvoir sur le brillant intellectuel et le moderniste progressiste Anténor Firmin. Son gouvernement était particulièrement corrompu. De 1902 à 1915 le pays de Jean Jacques Dessalines a connu environ dix présidents, soit en moyenne 1.3 présidents par année. Qu’est ce qui était à la base de cette instabilité. D’après Louis Borno, Haïti traverse depuis quelque quinze ans, la plus douloureuse crise de son histoire.

En juillet 1915, l’apparition des Yankees sur le sol de Dessalines pour apporter une solution fictive pour ne pas dire fausse. N’est-ce pas Anténor Firmin qui a eu le juste mot en stipulant: « Cependant même après ma mort il faudra deux choses l’une : ou Haïti passe sous une domination étrangère, ou elle adopte résolument les principes au nom desquels j’ai toujours lutté et combattus. » Dans les lignes qui suivent, on va essayer d’analyser les différents aspects de l’occupation américaine d’Haïti.

On a utilisé la méthode historique pour faire le travail. Le corps comprend : Etude du concept occupation et impérialisme, Haïti et l’occupation américaine, les luttes contre l’occupation, le différent départ des troupes américaines et la présence des américains sans la présence des militaires sur le sol, Conclusion prospective

C’est quoi l’impérialisme

L’idéologie impérialiste propose la domination d’un État sur d’autres États ou territoires au nom d’une supériorité militaire, économique, culturelle ou idéologique. En principe, l’action impérialiste ne jouit pas toujours du consentement des gouvernés du pays conquis.

Dans une perspective étymologique, le terme « Impérialisme » vient du latin, imperium qui veut dire maîtrise, contrôle, occupation et imperare qui signifie gouverner. L’État impérialiste vise à réduire les autres États sous sa dépendance, soit en profitant du fait qu’ils sont faibles, désorganisés, ou attardés ; soit en imposant l’autorité impériale par la force ; soit en créant un besoin, qui ne peut ensuite être comblé que par la présence souhaitée et le contrôle légitime de l’agresseur. En quoi est-ce que les États-Unis d’Amérique peuvent être considérés comme étant l’un des plus grandes puissances impérialistes du monde.

Le principe de l’égalité juridique des États consacré par les conférences de la Haye de 1899 et de 1907, stipule : « Au regard du droit international, il n’y a pas de petites et de grandes nations. Elles sont toutes égales ».

Par le biais de ce principe, il y a lieu de dire que les nations jouissent des mêmes droits et ont, les uns envers les autres, les mêmes obligations. De quel droit une nation effectue une intervention militaire pour occuper, contrôler les affaires internes d’une autre nation? N’est-ce pas une aberration ou un non-sens?

L’occupation américaine d’Haïti

a) Les causes de l’occupation américaine

b) Haïti et ses périodes 1915-1934

c) Haïti et l’aspect socio-économiques

d) Les conséquences de l’occupation américaine

Le président Nord Alexis a passé six ans aux pouvoirs, de 1902 a 1908, malgré les dérives et la corruption c’était un gouvernement stable logiquement. Apres lui, le pays a connu environ huit (8) autres présidents éphémères. Sur le plan politique, le pays était instable.

Une multitude d’approche peut nous expliquer les causes de l’occupation américaine. A la fin du XIXe siècle, les intérêts des américains les poussent à intervenir physiquement et directement dans les affaires internes des pays convoités. A titre d’exemple, les Yankees occupent : « le Cuba, les Philippines, le Porto-Rico, le Nicaragua et Haïti » pour ne citer que cela. Quand il s’agit de leurs intérêts économiques, financiers les États-Unis sont prêts à tout. N’est-ce pas pour cette raison qu’ils ont été en conflit avec l’Espagne? Les Américains rentrent en Haïti dans le but d’assurer et de mieux gérer leurs intérêts directement. Tel a été le constat de l’écrivain Weldon Johnson dans une série d’articles. Il stipule : « L’intervention des États-Unis dans la république haïtienne n’a été inspirée que par des intérêts financiers particuliers.»

L’île d’Haïti est très proche du Canal de Panama, la môle Saint –Nicolas domine aussi le Canal du Vent. De manière implicite ‘’ Occuper Haïti signifie contrôler toutes les zones stratégiques. Car les États-Unis ont mené une campagne pour bien contrôler les zones de la Caraïbe. L’occupation américaine d’Haïti permet aux USA d’assurer et de garantir leurs avantages économique et géographique.

Le 28 juillet 1915, la foule avait été lynché le président Vilbrun Guillaume Sam dans la légation de France, suite au massacre de prisonniers politiques. Le président américain Woodrow Wilson envoya les marines à Port-au-Prince. En six semaines les Etats-Unis élisent un président, Sudre Dartiguenave. En 1917, Dartiguenave dissolu l’assemblée qui avait refusé d’approuver une constitution inspirée par le secrétaire à la Marine des USA.

Washington profita en 1922 de l’élection d’un autre président Louis Borno, pour s’engager à fournir à Haïti une aide politique et économique en contrepartie de l’occupation. S’instaura ce que l’opposition appela ‘’la dictature bicéphale ‘’ entre Borno et le haut commissaire, le général John Russel. Son mandat prit fin le 15mai 1930.

Louis Eugene Roy choisi 14 mai 1930 par le conseil d’état et entre le lendemain en fonction comme président de d’Haïti. Eugene Roy devint un président provisoire avec un mandat bien spécifique, celui d’organiser les élections législatives et ainsi reconstituer les chambres législatives renvoyées par l’occupant. Son mandat prit fin le 18 novembre 1930.

Sténio Vincent arrive au pouvoir le 18 novembre 1930. Il mena une campagne populiste en s’appuyant sur l’impopularité de l’occupation américaine, mais une fois élu, les américains son virtuellement partis, il adopta une attitude dictatoriale. Il publia une constitution en 1932 qui lui donna de larges pouvoirs lors de la révision en 1935. Abandonnant la présidence en 1941, il choisit lui-même son successeur en la personne d’Elie Lescot.

Les Yankees contrôlèrent l’économie, la finance et même l’administration publique haïtienne. Le président Dartiguenave signe un traité par lequel les militaires contrôlèrent les douanes et l’administration. L’administrateur américain avait le pouvoir de veto sur toutes les décisions gouvernementales. En 1918 des routes furent construites sous le système de la corvée. Nos exportations agricoles diminuèrent progressivement. En 1923, les américains organisèrent un service technique de l’agriculture et de l’enseignement professionnel, dans lequel des millions tombent et disparaissent comme de la fumée, sans aucun résultat appréciable pour le commerce haïtien. Haïti est devenue un large débouché pour ces produits made in U.S.A.

D’après le conseiller financier américain M. Cumberland il y a de fortes sommes d’argent sans emploi dans la caisse publique haïtienne qui ont été mises à la disposition de Wall Street. En faisant cette analyse économique de l’occupation américaine M. Hebert Hoover a eu le mot juste en stipulant : « Ce n’est un secret pour personne que les États-Unis sont l’un des plus vastes champs de corruption de politique et administrative qu’il y ait dans le monde.

L’occupation américaine a eu une pléiade de conséquences profondes sur Haïti. Parmi lesquelles ont peut citer : L’humiliation des nationaux, l’irrespect des lois du pays, L’accaparement manu militari des richesses de la nation, dissolution des parlements. D’après M. Séjourné, inspecteur général des douanes, plus de 300.000 haïtiens abandonnent le pays pendant 19 ans de l’occupation et aucun ne revient à sa terre natale. La mort de grand militant du pays à savoir Charlemagne Péralte, Benoît Batraville. Les américains utilisent la violence systématique par le biais de celui-ci environ 50,000 hommes et femmes ont péri. Désarticulation des trois secteurs économiques (Primaire, secondaire, tertiaire) qui va déboucher sur une période de stagnation économique. En 1934 ils ont partirent tout en laissant un conseiller financier et un receveur de douane. Les USA continuent à contrôler l’économie du pays malgré leur départ.

Les luttes contre l’occupation américaine

Nombreux sont les haïtiens qui ont considéré l’occupation américaine comme une honte. Le jeune député Raymond Cabèche a démissionné en lieu et place de signer la convention imposée par Washington. La prise de conscience nationale vient d’un certain groupe intellectuel haïtien à savoir : Jean Price Mars, Jacques Roumain, Charles Moravia, Anthony Phelps etc. Ces derniers ont mis leurs textes au service de la nation pour exprimer leur mécontentement à l’occupation. Roumain nous explique son sentiment de haine par le biais de cette citation : « Je ne veux pas savoir. Homme, tu es étranger et tu foules le sol que foulèrent mes pères. Ferme la bouche débordante du miel du mensonge. C’est inutile je te hais.» Il était le dirigeant du comité de Greve contre l’occupation américaine à l’école de Damien.

Les paysans haïtiens se sentent frustrés par rapport à la corvée, environ 40,000 recours à leurs armes sous l’obédience de Charlemagne Péralte et Benoît Batraville. Ces deux militants ont mené de grandes luttes contre l’occupation américaine. Ils ont été tous les deux trahis et exécutés, plus précisément le résistant Charlemagne a été trahi par un lieutenant connu sous le nom de Jean Baptiste. Leurs luttes ont pris fin en 1921. On peut dire aussi les militants Cacos ont été de véritables stratèges pour mener la lutte contre l’impérialiste américain.

Le départ des troupes américaines en Haïti

En 1934, après la visite du président américain Roosevelt, le départ des marines du territoire est décidé. Les Etats-Unis viennent imposer à Haïti une sorte de subordination politique. Avec cela, Washington continuait après le départ des marines qui exerçait un contrôle indiscutable sur la vie politique. Aucune action ne pouvait être faite par un gouvernement haïtien d’alors sans l’assentiment du Département d’État qui s’imposait par des pressions économiques ou diplomatiques. Même l’armée d’Haïti était une institution au service des USA.

Le retour des militaires américains en 1994 et 2004

Il est unanimement vrai que les notions de souveraineté et indépendance soient des notions illusoires et même fictive pour le peuple. Certains haïtiens ont été des freins pour le progrès socio-économique de la nation. Quelques années après les échecs des militaires américains sur le sol d’Haïti dans tous les domaines. Le 15 octobre 1994, Jean Bertrand Aristide débarquait à Port-au-Prince. Ils le mirent après dans une cage vitrée. D’après Michel Soukar, c’est le président Jean Bertrand Aristide qui a demandé les Nations-Unis d’envoyer 23.000 militaires américains et en 1995, on va les remplacer par les soldats de l’ONU. Ces militaires américains débarquaient sur l’ile de la caribéenne d’Haïti et remettait au pouvoir Jean Bertrand Aristide, le président élu qui avait été renversé trois ans plus tôt dans un coup d’État sanglant. Lorsque les marines américains sont arrivés en Haïti, ils ont été accueillis presqu’en libérateurs par une population ayant subi les effets combinés de trois années de dictature militaire et d’un embargo économique dirigé par les États-Unis. Les dernières troupes américaines, par contraste, se sont retirées sans tambour ni trompette que ce soit en Haïti ou ailleurs.

En 29 février 2004, le conseil de sécurité des Nations Unis en collaboration avec le département d’État après le coup d’état du président Jean Bertrand Aristide ont décidé d’envoyer des militaires américains en Haïti. A cette époque, un climat d’insécurité, de pillages ravagent tout le pays en général. Nombreux sont les personnes qui ont passé de vie au trépas que ce soit à Cité Soleil, le plus grand bidonville du pays, et aussi dans une autre localité appelée Bel-Air pour ne citer que celle-là. Toutes ces choses mettent en cause la notion de la souveraineté d’Haïti.

Après le départ des militaires américains, on assiste jusqu'à aujourd’hui à la présence de la MINUSTAH en Haïti. A chaque crise que le pays fait face l’ambassade américaine par le biais de leur ambassadeur passe toujours des ordres à nos dirigeants.

Nombreux sont les auteurs américains et haïtiens qui ont montré le mauvais côté de l’occupation américaine d’Haïti. Il y en a parmi eux qui parlent d’échec des États-Unis. Dantès Bellegarde parle de la fétichisation des pouvoirs politiques par les militaires américains. Il parle aussi de la domestication de la nation et de la dictature blanche pour montrer les ingérences des Yankees dans les affaires internes d’Haïti.

Comment se fait-il que les États-Unis est très proche d’Haïti et la misère ronge le pays de manière chaotique ? Quel est l’apport des Etats Unis dans la stagnation d’Haïti ? Pourquoi ces auteurs parlent de solution américaine et de jour en jour la situation d’Haïti empire ?

Bibliographie

1. LUCIEN, Georges Eddy. Une modernisation manquée à Port-au-Prince, Port-au-Prince, Ed. UEH, 2013, 285p.

2. BELLEGARDE, Dantès. L’occupation américaine d’Haïti, Port-au-Prince, Les Editions Fardin, 2013, 99p.

3. CASTOR, Suzy.L’occupation américaine d’Haïti, informations non trouvées, 280p.

4. MOISE, Claude. Constitutions et luttes de pouvoir en Haïti, Port-au-Prince, Le Natal, 2009,349p.

5. PEAN, Leslie. Aux origines de l’Etat marron en Haïti, Port-au-Prince, Ed. UEH, 2009, 412p.

6. Corvington, Georges. Port-au-Prince au cours des ans, Port-au-Prince. Ed. Henri Deschamps, 1984, 321p.

Boyer Peterson

Étudiant mémorant en économie et en Anthropo-Sociologie à l’UEH

Tag(s) : #Politique
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